Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Fernand Feuillet

Fernand Feuillet
Publicité
Fernand Feuillet
  • Lettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de gLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreLettres de guerreblabla
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 107
Catégories
12 janvier 2012

2- Nouvelles du pays

Aulnay le 20 septembre 1939

Chère sœur,

Nous sommes en possession de ta carte et avons pris connaissance de ton courrier au 40. Merci.
En réponse, rien de sensationnel à te raconter en dehors des petits potins suivants :
Maman regrette de plus en plus de ne pas savoir aller en vélo (les trains marchent si mal) afin de pouvoir te rendre une visite ; sa lamentation est toujours : « Ah ! la sale gamine ! elle peut dire qu’elle m’en fait faire du mauvais sang. »…
Je viens d’écrire à « Moustique » pour lui donner ton adresse ; elle doit t’écrire.
Roger n’est plus à Labry (ironie !) mais à Jarny pour changer d’air à moins que, lui aussi, ait besoin d’espace vital … comme dirait Jean-Jacques … non pardon, Adolf.
Les aulnaysiens n’ont toujours pas de masques à gaz. On ne distribue que des grandes tailles et petites tailles.
Comme, en général, la population est de taille moyenne.. Hum ! Je n’insiste pas.
Depuis ton départ, pas une alerte.
Les répétitions sont sans doute terminées ?
Gare à la grande première comme on dit au théâtre.
La santé et le moral sont bons pour nous. J’espère que la présente te trouvera saine de corps et d’esprit ?
Nous pensons enfin que ta nouvelle vie continue d’être supportable et que tu n’as eu à soigner, jusqu’ici, que tes ongles ?
Je termine et t’adressons, Paulette et moi, de bonnes bises sonores.

Ton Frère

Fernand

P.S. Je dédie ces maigres vers, dont je suis l’humble auteur, à tes collègues et à toi-même :

                Conseils d’un ainé.

Jeunes infirmières, du cran ! je vous prie.
Si la mitraille vous trouble l’esprit.
Au lieu d’un lavement au blessé 22
N’inversez pas les nombres, ce serait désastreux.
----
Comme tu le vois, je n’ai pas changé.
D’ « aimables » personnes disent que je suis un ours… C’est possible après tout puisque j’aime faire le ver.. solitaire …
Présente donc mes excuses à tes collègues si j’ai douté de leur sang-froid devant le danger. Je les salue respectueusement et regrette de ne pouvoir leur faire une « génuflexion » … ayant une « flexion dans le genou ».
Je ne dis « plumeau » car je vais finir par dire des « mollets »… Ces derniers mots d’esprit ne sont pas de moi, je les tiens d’un « potager »…
Aie !!

Amen

Publicité
Publicité
12 janvier 2012

1- Organes anatomiques

Aulnay le 9 septembre 1939

Chère sœur,

La présente ne te donnera pas des nouvelles de la famille puisque tu en reçois par ailleurs. Je me bornerai à te mettre au courant d’informations générales que je puise dans la presse et la radio.
Comme tu ne dois pas lire le journal tous les jours, voici donc la teneur des derniers communiqués officiels de nos opérations militaires :
L’artillerie fait : Boum ! En face les obus font : Toc ! Les « dudules » font : couic !... et claquent !

La Croix-Rouge nazie ne doit pas chômer, j’en ai l’intuition très nette… comme dirait Charles (hum !).
La chasse est ouverte et la marine n’use pas sa poudre pour rien car plusieurs submersibles ennemis sont partis racler le fond de la « mare aux harengs »… Voyage d’études de la faune sous-marine dit-on à Berlin (?)
L’aviation est très active. Les tracts, en attendant mieux, pleuvent sur l’Allemagne. Un pilote, pris en chasse, a été obligé de lâcher les paquets de tracts sans avoir le temps d’enlever les ficelles ; le pôvre, à son retour à la base, s’est vu coller « 4 crans » par son commandant pour avoir… peut-être tué quelqu‘un …
Un autre aviateur, chargé d’une mission moins pacifique, s’écria après avoir fait mouche sur un adversaire : « L’ai-je bien descendu ? »….
Les tommies sont en France.
L’humour britannique ne se dément pas car, se souvenant d’un certain petit voyage à Munich, un artilleur a écrit sur son canon : « Nous sommes en route… et ceci n’est pas un parapluie ! »….
Adolf, mon p‘tit pot’, un conseil : Faute de parapluie n’oublie pas ton ciré, un second gravelotte se prépare !
Notre service sanitaire est au point aussi bien dans la médecine que dans la chirurgie « réparatrice » ( ?) (lu ce terme hier dans « excelsior »). Que fait la censure ? Allons nous lire devant les postes de secours : « atelier de réparation »….
ça ne vous fait pas honneur mesdemoiselles.
Enfin si cela est, n’oubliez pas de mettre sur la pancarte :
- Mise au point de « renifleurs » (pifs connus dits : « presse-purée » ou « blazes » pointus dits : « trieurs de lentilles »)
- Lavage de « hublots »
- Réglage d’ « écouteurs »
- Spécialité de « chiques » en peau de fesse (expériences concluantes en 1914)
- Réfection de « rues » avec « pavés » de 1ère qualité
- Réparation de « chambres à air ».
- Débouchage de « carburateurs »
- Décrassage de « malaxeurs »
- Nettoyage du « tout à l’égout »
- Rodage de pistons
- Suppression du gicleur
- Bridage des « fureteuses » (vulgairement appelées : « touche-à-tout »)
- Renforcement du « pare-chocs » du « ventilateur »
- Coulage de « bielles »
- Pose de « manivelles »
- Décrassage des « plateaux de manivelles »
---
Hélas ! Avouez mesdemoiselles que vos connaissances en anatomie sont bien maigres. J’ai donc cru utile de joindre un petit croquis qui complétera votre documentation médicale et vous vous coucherez plus instruites qu’à votre lever …. ( ?)
C’est tout pour aujourd’hui. Je tacherai de « pondre » pour la prochaine tournée du vaguemestre quelques vers nouveaux comme demandé.
Bons baisers de tous trois et à bientôt.
Fernand

Publicité
Publicité
Publicité